Lemonde.fr, jeudi 7 mai 2009
Adrien : Bonjour, j’ai 23 ans, je m’identifie à ce qu’on appelle la génération Erasmus. Je me sens résolument européen et crois qu’une Europe politique est une réponse au monde post-guerre froide où les pays émergents sont de plus en plus puissants. Ai-je tort ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je me sens aussi Européen, mais la vraie question est de savoir quelle Europe on veut construire.Vous parlez de l’Europe politique. Pour moi, cela ne veut pas dire grand-chose, car c’est une auberge espagnole. En vérité, il y a deux façons de construire l’Europe. L’Europe supranationale fédérale, qui nie les nations et leur vie démocratique et qui veut créer une nation européenne. C’est la tentation d’aujourd’hui, avec le traité de Lisbonne, qui n’est que la copie conforme du traité constitutionnel européen, rejeté par les peuples. Et il y a la seconde façon de construire l’Europe, qui est l’Europe confédérale des nations et des projets. Si l’on regarde les quarante dernières années, on s’aperçoit que l’Europe supranationale ne marche pas, et l’on constate que l’Europe des projets est la seule qui marche (Airbus, Ariane).Aujourd’hui, je défends une Europe qui justement s’appuie sur les nations, ne veut pas tout uniformiser, et s’occuperait des vrais enjeux du XXIe siècle : scientifiques, industriels, environnementaux. C’est pourquoi je propose une révolution des institutions, avec la suppression de la Commission, la création d’agences de coopération à la carte, secteur par secteur.
Eurojunkie : Vous voulez supprimer la Commission européenne : qui va prendre le rôle de cette institution ? Ça marche comment ? Qu’est-ce que cela va changer si on vote pour Debout la République puisque le Parlement européen n’a pas cette compétence pour supprimer la Commission ?
Nicolas Dupont-Aignan : J’ai constaté que l’Europe ne fonctionnait pas et s’éloignait des peuples car les trois principales institutions de l’Union (Commission, Banque centrale et Cour de justice) sont des organismes hors sol, illégitimes, qui se sont arrogé des pouvoirs exorbitants du droit commun. Il faut donc remettre du lien démocratique dans le système. C’est pourquoi je propose de remplacer la Commission par, d’une part, un secrétariat allégé auprès du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement, et d’autre part, des agences de coopération qui pourraient tout à fait réunir de deux à vingt-sept Etats en fonction du volontariat. Bien sûr, le Parlement européen continuerait de jouer son rôle, même si je propose parallèlement le renforcement des pouvoirs des Parlements nationaux et la réduction des compétences de l’Union.Il nous paraît important d’envoyer à Strasbourg des députés de Debout la République, pour justement se faire l’avocat d’un nouveau système institutionnel qui permette enfin à l’Europe de jouer un rôle utile. Car quand comprendra-t-on qu’à force de vouloir tout uniformiser, qu’à force de vouloir nier la diversité européenne, l’Union européenne se rend de plus en plus impopulaire dans chacun des pays ? De même, en laissant la Banque centrale totalement indépendante, on est en train de tuer à petit feu l’euro, qui explosera en vol dans les prochaines années, car il n’est pas dirigé dans le sens de l’intérêt général européen. Je pourrais aussi parler de l’attitude scandaleuse de la Commission de Bruxelles dans les négociations commerciales internationales, et de son incapacité à défendre les intérêts des producteurs européens.
Mahaut : Bonjour, qu’entendez-vous par protectionnisme européen raisonnable et que proposez-vous pour lutter contre le dumping social intra-européen avec des délocalisations vers les pays de l’Est nouvellement entrés ?
Nicolas Dupont-Aignan : Ce sont deux problématiques proches, mais distinctes. Il faut tout d’abord rétablir le système originel de la préférence communautaire. En un mot, des droits de douane aux frontières de l’Union européenne en fonction des produits et des modes de production des pays d’origine. Je prends un exemple concret : aujourd’hui, la Chine a décidé de s’emparer du marché des panneaux solaires, elle organise un vrai dumping sur ce produit. Si l’on continue comme ça, il n’y aura plus un producteur de panneaux solaires en Europe, alors même que nous allons investir des milliards d’euros dans cette énergie renouvelable. Est-ce acceptable ? Non, bien sûr, car un ensemble de 450 millions d’habitants ne peut pas durablement se laisser déposséder de ses forces productives.
Roccu_etudiant : Opposant à la loi Hadopi, ayant voté contre et proposé à mon avis la seule solution moderne qui vaille (la licence globale), vous êtes contre cette Europe. Pourtant, quand on voit le rôle du Parlement européen hier sur le vote de l’amendement 138 dit "anti-Hadopi", ne faudrait-il pas plus d’Europe au contraire ?
Nicolas Dupont-Aignan : Comme je l’ai déjà dit plus haut, la question n’est plus d’être pour ou contre l’Europe, la question est de veiller à la manière dont on construit l’Europe. Je ne suis pas hostile au rôle du Parlement européen sur certains points. Mais encore une fois, n’oubliez pas que sur Hadopi, la Commission de Bruxelles n’est pas du tout sur la même ligne que les parlementaires européens. Les choses sont plus complexes.
Dlardy : Quelle est la différence entre vous et Philippe de Villiers ?
Nicolas Dupont-Aignan : Philippe de Villiers mène depuis 1994 la même campagne européenne à chaque élection. C’est son droit. J’ai voulu aller au-delà en proposant un projet concret alternatif qui est détaillé dans le livre qui sort mercredi 13 mai et qui notamment présente un traité beaucoup plus simple et plus lisible pour l’Europe. De surcroît, la démarche des listes Debout la République est beaucoup plus large d’esprit, puisque nous rassemblons à la fois des républicains gaullistes de droite et des chevénementistes républicains de gauche.Enfin, je ne serai jamais, à la différence de Philippe de Villiers qui le revendique, le flotteur droit de Nicolas Sarkozy. Et je refuse bien évidemment une alliance avec le mouvement Libertas, qui n’est pas du tout sur la même ligne politique que moi. Libertas a une vision très anglo-saxonne de l’Europe, est favorable à l’OTAN et au libre-échange intégral. Sans parler de son hostilité ancienne à la PAC que je veux défendre bec et ongles. Mais ne comptez pas sur moi pour entrer dans des polémiques inutiles. L’enjeu, c’est de parler de l’avenir. La question n’est plus le conflit entre les euro-béats et les euro-ronchons ; le défi, c’est d’inventer une Europe utile qui s’appuie sur des nations libres de conserver leur modèle propre.
chris : Pensez-vous pouvoir réussir seul ? Vous avez refusé de vous allier à De Villiers, ce qui est selon moi très heureux ! Mais pourquoi ne pas chercher une alliance auprès de Chevènement, Villepin, Séguin ?
Nicolas Dupont-Aignan : Jean-Pierre Chevènement a choisi de ne pas participer à ce scrutin. J’aurais été très heureux de travailler avec lui, car le sujet dépasse le clivage droite-gauche. Nos listes accueillent d’ailleurs un certain nombre de chevènementistes. Mais ce qui compte, c’est avant tout le projet politique et la capacité de ce projet à rassembler des Français qui ne sont pas propriété des appareils politiques.
radagast : Votre rapprochement avec Dominique de Villepin est de plus en plus visible. Lui avez-vous demandé d’appeler à voter Debout la République aux européennes ? Pensez-vous avoir un avenir commun avec lui ?
Nicolas Dupont-Aignan : Sur le refus de revenir dans l’OTAN, nous avons été côte à côte. C’est un vrai gaulliste. L’ancien président des Jeunes villepinistes, Laurent Pinsolle, est 5e de liste en Ile-de-France. Pour autant, Dominique de Villepin n’a pas pris de position, et sur l’Europe, je vous rappelle qu’il défendait le traité constitutionnel européen. Il reste que les choses peuvent évoluer car, n’en doutons pas, il faudra bien une alternative politique forte au régime actuel, qui s’éloigne tant des "fondamentaux" de notre République et de notre nation.
Patrice_Henin : Cela changerait-il votre position sur l’entrée de la Turquie ? Ou alors, seul son caractère islamiste serait le vrai problème pour vous. Dans ce cas, la laïcité en sortirait-elle renforcée (de par l’apport islamique justement) ?
Nicolas Dupont-Aignan : Sur la Turquie, je n’ai jamais changé d’avis : faire entrer la Turquie dans l’Union européenne, c’est définitivement faire exploser l’Union. Je pense que l’avenir est à un vrai partenariat avec les grandes nations qui entourent l’Union européenne : Russie, Turquie, Maghreb. Par ailleurs, sur l’affaire turque, le président de la République est d’une hypocrise incroyable puisque, ne l’oubliez pas, il a supprimé le référendum obligatoire qu’avait mis en œuvre Jacques Chirac et il a laissé l’Union européenne, sans mettre le veto de la France, ouvrir huit chapitres de négociation avec la Turquie depuis qu’il est président !
Eurojunkie : Vous n’êtes pas tête de liste, pourquoi ?
Nicolas Dupont-Aignan : Tout simplement parce que je suis député national et que Jean-Pierre Enjalbert, maire de Saint-Prix et conseiller général du Val-d’Oise, pourra être un très bon député européen.
Jeune_gay : Pensez-vous, à l’instar de Jean-Marie Le Pen, que la France "n’est plus que l’ombre d’elle-même" ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je pense que la France a perdu, par la démission de l’oligarchie qui la gouverne, la maîtrise de son destin en confiant les clés du pouvoir à d’autres. La Commission de Bruxelles, la Banque centrale, les grandes entreprises multinationales, l’OTAN, etc. De ce fait, nos dirigeants font campagne sur un volontarisme politique qui séduit les Français, mais une fois élus, n’ont pas les moyens d’honorer leurs engagements et de défendre notre modèle social et républicain. Le grand écart permanent devient insoutenable, surtout quand la politique menée asphyxie notre industrie, détruit nos emplois, affaiblit notre agriculture, détricote nos services publics. Cependant, notre pays a quantité d’atouts dans la main : une forte démographie, un potentiel scientifique exceptionnel bien qu’il soit négligé, une culture politique forte. C’est pourquoi je suis convaincu qu’il est tout à fait possible de redresser la France, à la condition de défendre nos intérêts, de donner un sens à l’action collective. Cela passe bien sûr par un changement radical de la manière dont on construit l’Europe. Le philosophe Marcel Gauchet, qui n’est pas de mon bord politique, disait récemment dans un quotidien : "L’Europe telle qu’elle se construit est en train de détruire le modèle français pour un nivellement social par le bas insoutenable. Il faudrait qu’un jour la classe politique s’en rende compte avant que nous ayons une vraie révolution."
Roccu_etudiant : Vous dites que l’Europe fédérale ne marche pas. Comment justifiez-vous les échecs encore plus dur de l’Europe confédérale ("crise de la chaise vide", "I want my money back"...) soumise aux changements perpétuels de gouvernement, d’autant plus rapide que nous sommes 27 aujourd’hui et peut-être plus demain ?
Nicolas Dupont-Aignan : Contrairement à ce que vous dites, la politique de la chaise vide a permis la création de la seule politique européenne intégrée : la politique agricole commune, qui a permis au continent européen d’acquérir une autosuffisance alimentaire et qui a modernisé notre agriculture. D’autre part, je ne propose pas le retour aux égoïsmes nationaux, je demande simplement qu’on laisse vivre les nations avec leurs spécificités, et que l’Europe s’occupe des dossiers cruciaux pour l’avenir du continent. Je prends un exemple : si la France, parce qu’elle a un territoire plus étendu que les autres, a besoin de services publics pour garantir l’aménagement du territoire, pourquoi impose-t-on une dérégulation suicidaire ? Si l’Allemagne est attachée à certaines de ses spécificités, au nom de quoi la harcèle-t-on pour uniformiser tout ? Et c’est la même Commission de Bruxelles devant laquelle les Etats se couchent qui interdit depuis des années à l’Europe d’investir de l’argent public dans les secteurs d’avenir au nom de la fameuse libre concurrence. La Chine est en train d’inventer la voiture électrique, les Etats-Unis investissent des milliards dans les secteurs d’avenir, et la Commission poursuit les Etats qui veulent préparer l’avenir. Ce système marche sur la tête. Il est temps d’en changer. Et ma proposition d’Europe à la carte permettrait justement de sortir de ce dilemme permanent entre l’uniformité qui viole les nations et l’unanimité qui peut, il est vrai, ralentir trop les choses.
alexandre78 : Vous dites défendre "bec et ongles" la réforme de la PAC. Cependant, la dernière réforme de 2008 n’a pas amené de changements significatifs. Comment expliquez-vous cela ? Quel est votre avis sur l’avenir de la PAC, sujet plus que controversé au sein de l’UE...
Nicolas Dupont-Aignan : Je défends la PAC, mais il est clair qu’à partir du moment où on a accepté le passage à la majorité qualifiée à 27 sur les questions agricoles, on s’est placé de fait en position de faiblesse, car une majorité des Etats ne veulent pas, par idéologie, financer l’autosuffisance alimentaire du continent. Et ce faisant, nous préparent à de grands dangers. Savez-vous qu’aujourd’hui, en pleine crise de la mondialisation, la Commission, avec la complicité des Etats, continue de déréglementer la PAC ? Ainsi, ils veulent supprimer les quotas laitiers, faire disparaître définitivement les prix de référence du lait. La conséquence est très simple : dans un premier temps, il y aura moins de producteurs, des importations toujours plus grandes de l’extérieur de l’Union, jusqu’au jour où les cours exploseront à cause de la pénurie et à nous, on redemandera l’installation de nouveaux agriculteurs. M. Barnier, par idéologie supranationale, s’est couché devant ses homologues, sacrifiant d’abord nos pêcheurs, puis nos agriculteurs. Il va de soi, dans mon esprit, que la France doit clairement signifier à ses partenaires que si l’on touche la PAC, on s’attaque au pacte fondateur de l’Union. Malheureusement, je n’ai pas le sentiment, avec l’UMP comme avec d’ailleurs le PS, qu’il y ait une vraie volonté de réguler les choses, en ce domaine comme en beaucoup d’autres.
Benjamin : Pensez-vous qu’il est démocratique de faire revoter les Irlandais sur le traité de Lisbonne alors qu’ils se sont déjà clairement exprimés cette année ? Que reste-t-il de la démocratie quand on confisque le droit de vote aux citoyens ?
Nicolas Dupont-Aignan : Bien évidemment, vous avez raison. J’ai écrit un livre, Le Coup d’Etat simplifié, qui a été passé sous silence début 2008, car il gênait la caste dirigeante française, qui a fait adopter, ne l’oubliez pas, par le Parlement, le traité de Lisbonne qui avait été refusé par le peuple. En vérité, les dirigeants européens veulent construire leur Europe contre les peuples, et ne supportent plus la démocratie. C’est d’ailleurs pourquoi, avez-vous remarqué, que l’élection européenne du 7 juin prochain est complètement passée sous silence dans notre pays. Après avoir bafoué les 55 % de Français qui ont voté "non" en 2005, le PS et l’UMP ne veulent surtout pas qu’on parle du fond des choses avant le 7 juin. C’est inquiétant pour la suite, car si on ne peut plus s’exprimer dans les urnes, cela finit dans la rue.
Jean-Michel_Lucas_1 : Quels sont vos chemins de bataille pour préserver l’indépendance énergétique du bloc Europe ? N’est-ce pas là un de nos points forts ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’était un de nos points forts. La première des choses à faire serait d’arrêter la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz, qui affaiblit nos champions énergétiques. C’est pourquoi je me suis opposé de toutes mes forces au démantèlement d’EDF-GDF. Je suis convaincu, comme beaucoup d’experts, que l’électricité doit rester un bien public. De même, je suis partisan d’une prise de participation de l’Etat français dans la société Total, qui se croit tout permis et est devenue une puissance dans l’Etat. Enfin, il faut bien sûr coordonner nos achats entre pays européens, notamment avec Gazprom, et ne pas laisser le simple jeu du marché s’emparer de l’Europe de l’énergie.Mais n’oubliez pas que c’est le gouvernement Jospin qui a signé à Barcelone la libéralisation du secteur de l’énergie, et que malgré son échec avéré, on continue de plus belle pour La Poste et les transports.
Etudiant_bretagne : Une partie de la gauche se proclame ouvertement contre l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne à cause des riques de dumping social (Jean-Luc Mélenchon par exemple). Vous en réjouissez-vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : Le bon sens va l’emporter fatalement un jour ou l’autre. Il faut arrêter de mentir aux Français : si l’on veut défendre un modèle social, il faut savoir protéger l’Europe et favoriser l’émergence de marchés autonomes en Chine, en Inde, en Afrique. Le libre-échange fonctionne bien quand les conditions sociales et environnementales sont proches. Il devient un désastre quand il y a des écarts trop importants. On ne pourra pas continuer en France à assurer l’Etat-providence si la base productive disparaît. L’instant de vérité approche : l’ouverture à tout-va et le maintien d’un niveau social élevé sont incompatibles à très court terme.
L_Etranger : L’entrée de la Turquie est-elle, selon vous, une menace à l’identité européenne ?
Nicolas Dupont-Aignan : Demande-t-on aux Américains de faire entrer dans les institutions de l’Union le Mexique, l’Amérique centrale et le Venezuela ? Non. Il en est exactement de même pour la Turquie. Si l’on fait entrer la Turquie, il faut faire entrer la Russie, le Maghreb, et où s’arrête-t-on ? Le simple bon sens montre bien la folie de ce raisonnement. Il faudrait arrêter de susurrer qu’on est raciste si on refuse la Turquie dans l’Union. J’en ai assez de ces procès d’intention masqués. L’Europe, ce n’est pas l’ONU. Et je ne suis pas sûr d’ailleurs que les Turcs supportent les normes que les Européens se sont fixées. Il faut donc arrêter le malentendu avec la Turquie et proposer un partenariat de qualité qui prépare l’avenir.
mickael.im : S’exprimer dans les urnes ? Les hommes politiques me semblent loin des réalités du citoyen. Que diriez-vous à un salarié (que je suis) non augmenté depuis plus de deux ans, avec des heures supplémentaires non payées et dont l’employeur fait mine d’ignorer que nous devons avoir des délégués du personnel ?
Nicolas Dupont-Aignan : Mais justement, c’est parce que ce système est devenu fou qu’il faut bien, à un moment ou à un autre, changer le fonctionnement politique de notre pays. J’ai quitté l’UMP et j’ai créé avec beaucoup d’autres gaullistes Debout la République, pour oxygéner notre vie politique et parler enfin des vraies causes des problèmes concrets de nos concitoyens. Je suis le seul aujourd’hui à avoir proposé un protectionnisme européen concret et faisable. C’est le seul moyen, justement, de vous permettre de retrouver un peu de dignité. Il faut aussi reconstruire un Etat digne de ce nom qui fasse respecter la loi, rebâtir une école primaire qui apprenne à lire et à écrire, avoir une vraie politique d’aménagement du territoire, etc. Tout est à reconstruire. Et ce ne sont pas ceux qui depuis trente ans cogèrent la France, imprégnés de la pensée unique et de leurs privilèges, qui pourront le faire.
Archambau : A votre avis, dans quelle situation serait la France aujourd’hui à cause de la crise, si nous n’étions pas membres de l’UE ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je ne crois pas que la Norvège ou la Suisse soient plus malheureuses que nous. Mais je n’ai jamais demandé de sortir de l’UE. J’ai simplement demandé que l’UE soit un multiplicateur de puissance plutôt qu’un carcan qui nous empêche de nous muscler. On pourrait parler longuement de l’euro, qui asphyxie notre industrie parce qu’il est surévalué, et de son coût en terme d’emplois. Là aussi, ce n’est pas l’euro en soi qui est en cause seulement, c’est la manière dont il a été piloté, contre l’intérêt des Européens.
chris : Quel score pensez-vous raisonnablement pouvoir faire en juin ? radagast : Comment expliquez-vous les différences de sondages entre les différentes listes que vous proposez ? ( Ile-de-France à 4,5 % ; Nord à 4 % mais Sud-Est à seulement 1% ).
Nicolas Dupont-Aignan : Je suis convaincu que nous serons la surprise du 7 juin, car notre campagne a commencé depuis longtemps, nous sommes présents sur tout le territoire pour la première fois, et même si beaucoup de bâtons nous sont mis dans les roues par quelques médias proches du pouvoir, nous voyons bien un afflux considérable d’adhérents et de soutiens. Quant au score, qui peut le dire aujourd’hui ? Les sondages font du yo-yo, mais il est certain que nous dépasserons les 5 %, et je crois même que nous pourrons obtenir un siège par région. Il y a bien un moment où les Français se rendront compte de qui est sincère et quels sont ceux qui présentent le projet le plus solide. Pour autant, c’est vrai que la tâche n’est pas facile, surtout quand on constate que tout est fait pour qu’il n’y ait pas de débat.
alchimie : Dans quel groupe siégerez-vous au Parlement européen ?
Nicolas Dupont-Aignan : Ni au PSE ni au PPE, qui cogèrent cette Europe depuis vingt ans et décrédibilisent, voire dénaturent, la bonne idée européenne. Nous verrons bien, au lendemain du 8 juin, s’il y a suffisamment de députés de toutes les nations pour former un groupe partisan d’une Europe confédérale humaine. Ce qu’il faut, c’est que les Français gaullistes républicains soient le plus nombreux possible.
Dlardy : J’ai lu votre volonté de débat avec Rachida Dati relayé par un groupe sur Facebook. Avez-vous eu une réponse de sa part et, d’après vous, voudront-ils débattre ?
Nicolas Dupont-Aignan : J’ai écrit à Mme Dati. Celle-ci a affirmé droit dans les yeux, sur tous les plateaux de télévision, qu’elle blaguait lors de sa rencontre avec les jeunes de l’UMP. Eh bien chiche, si Mme Dati est sérieuse et sûre d’elle-même, pourquoi refuserait-elle le débat avec moi ? J’attends sa réponse.
baskin : Vous êtes admirable, je partage votre idéologie républicaine mais seulement, je pense que vous n’êtes pas assez percutant. Je sais que vous êtes la seule élite politique à pouvoir sauver notre pays, alors ma question est la suivante : On nous tire dessus à boulets rouges et vous prenez encore des pincettes devant tous ces anti-républicains, alors, êtes-vous prêt à prendre les armes ?
Nicolas Dupont-Aignan : Les Français ont été tellement trompés depuis vingt ans par des politiciens parfois très "percutants" que je préfère être moi-même et préparer une alternative politique républicaine sérieuse, solide, capable enfin de ne pas vendre de la fausse monnaie. Après, chacun sa personnalité. C’est vrai que je pourrais être encore plus dur sur ceux qui vivent de prébendes et nous conduisent dans le mur. Mais sincèrement, les Français le savent déjà. Ils n’attendent pas une dénonciation de plus, une protestation de plus, ils attendent celles et ceux qui leur permettront le chemin capable de les sortir de la difficulté. C’est ce chemin que nous proposons pour l’Europe. Du score que nous serons capables de faire aux élections européennes dépendra la suite. Procédons étape après étape.
Roccu_etudiant : Pas au PSE, pas au PPE, d’accord mais quel groupe alors ? Je suppose que vous ne siégerez pas à la Gauche unitaire européenne ni avec les Verts, et encore mois avec les libéraux. Il vous reste l’Europe des nations ou le groupe Indépendance et Démocratie. Prendriez-vous le risque de siéger en tant que non-inscrit si la possibilité de former un groupe "pour une Europe confédérale humaine" est irréalisable ?
Nicolas Dupont-Aignan : Vous verrez qu’elle sera réalisable, car dans tous les pays, le système PPE-PSE devient insupportable. Il sera donc possible de créer un groupe qui ne s’allie ni aux libéraux, ni aux supranationaux, ni aux extrêmes. Tout dépend du score, il faut nous aider à avoir le score maximum. Et c’est possible.